Facteur essentiel de développement économique, l’agriculture joue un rôle central dans la production de richesse dans le monde. En effet, selon une étude réalisée par la Banque Mondiale en 2018, elle représentait 4 % du produit intérieur brut (PIB) mondial et, dans certains pays en voie de développement, sa part compte pour au moins 1/4 du PIB.
Au Niger, l’agriculture occupe une place prépondérante dans l’économie. Elle contribue en moyenne, pour 73,8% du PIB du secteur primaire et 32,6% du PIB total. Elle fournit 44% des recettes d’exportation et emploie, avec ses principales composantes et l’élevage plus de 85% de la population active du pays.
Elle reste cependant tributaire d’un certain nombre d’aléas. En effet, le Niger est un pays sahélien, fortement pénalisé par son relief, son enclavement, des conditions agro-climatiques difficiles, et une forte exposition aux changements climatiques, qui rendent instable la performance de son secteur agricole. Ainsi, le relief reste contrasté à cause des altitudes, comprises généralement entre 200 et 500 mètres. Les deux tiers (2/3) du territoire sont désertiques et moins de 4% des terres sont cultivables.
Au plan climatique, le pays connait une aridité sans cesse croissante, marquée par une pluviométrie variable (entre 100 mm et plus de 900 mm par an), inégalement répartie dans le temps et dans l’espace. Le pays subit pratiquement, une année sur deux, des sécheresses, des inondations, des invasions des criquets et autres attaques parasitaires sur les cultures. Par ailleurs, le changement climatique entraine une forte dégradation des terres, provoquant un lourd impact sur la sécurité alimentaire et la résilience des systèmes alimentaires. Ce changement climatique constitue en effet une réalité quotidienne avec les températures qui augmentent au Niger 1,5 fois plus vite que dans le reste du monde. Outre ces difficultés, le Niger est également confronté à une très forte croissance démographique (3,9% par an) et à une insécurité dans certaines régions du pays.
Ces conditions soumettent malheureusement le pays à une insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique qui affecte sérieusement les moyens d’existence des populations, en majorité rurale et qui dépendent essentiellement de l’agriculture de subsistance. En effet, chaque année, entre 15 et 20 % de la population se trouve en insécurité alimentaire et nutritionnelle, même en année de production agricole excédentaire.
En outre, le Niger figure parmi les pays les plus pauvres du monde avec, selon le RMDH 2022, un revenu brut par habitant de 1270 dollars en 2020 et 1240 dollars en 2021 et un indice de développement humain (IDH) de 0,401 en 2020 et 0,400 en 2021 qui le place en 2021 en avant- dernière position sur 188 pays. Sur les 9 932 800 individus estimés pauvres en 2021, 97% vivent en milieu rural et 51,5% vivent dans des ménages ayant l’agriculture comme principale activité. Malgré ces difficultés, l’agriculture nigérienne offre d’énormes opportunités économiques. En effet, le Niger dispose d’importantes ressources en terres cultivables non mises en valeur (seulement 7 millions d’hectares exploitées sur une superficie estimée à 15 millions d’hectares). Il dispose également d’un important potentiel irrigable sous-exploité.
Le pays envisage la mise en place des politiques et programmes agricoles dans le but d’exploiter toutes ces opportunités et offrir des perspectives d’avenir à une grande partie de la population vivant de ce secteur. Pour cela, il s’avère indispensable de disposer de statistiques de qualité, fiables et à jour sur les caractéristiques des ménages agricoles, les types de cultures pratiqués, le revenu tiré de cette activité et les difficultés rencontrées et, surtout, de voir le lien pouvant exister entre l’agriculture et la pauvreté.
Le présent rapport sur « Agriculture et Conditions de Vie des Ménages », élaboré à partir des données de la deuxième Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie de Ménages (EHCVM-2021) réalisée entre 2021 et 2022, a pour but d’appréhender les caractéristiques des ménages agricoles selon leur statut de pauvreté. A l’issue de cette étude, des recommandations, allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des ménages agricoles par l’accroissement des investissements dans ce secteur, sont formulées.
Ce rapport est structuré en six (6) chapitres. Le chapitre premier fait un rappel de la méthodologie de l’enquête, le deuxième chapitre porte sur le contexte socio- économique et démographique du pays.
Le troisième chapitre est consacré aux principales caractéristiques des ménages agricoles ; le quatrième chapitre porte sur les différentes pratiques de l’agriculture au Niger ; le cinquième sur le niveau de production et les revenus issus de l’agriculture et le sixième chapitre est consacré aux activités agricoles et les conditions de vie des ménages.